J’ai rêvé bien souvent d’un pays familier ;
Aux abords, néanmoins, quelque peu singuliers.
Et là, je vivrais heureux sous un ciel d’ivoire.
Et là je pourrais enfin, noyer ma mémoire.
Deux prismes y transforment les lueurs blafardes
En corolles irisées de ces fleurs qu’on devine,
Sous les monts blanchâtres aux rivières sanguines.
Permet qu’auprès d’elles, un moment je m’attarde.
Passant d’aigue marine au rubis écarlate,
Doux tapis de velours ou remparts verglacés,
Les deux golfes amers qu’il me faut traverser
Resteront à jamais les plus purs qu’il existe.
Hâtons nous mon aimée, conduis moi, il est bien tard !
Les étoiles sur ces golfes annoncent un grand départ,
Afin qu’au dernier soir, au pays que j’aimais,
Les deux voiles de satin nous protègent à jamais.
« Délire éthylique ou folie ? » me dis tu.
Tu as raison, j’ai trop bu mon amour,
De liqueur saline qui trouble la vue.